Isabelle Alonso et les journalistes "femmes de ministres"
En ce qui concerne la télévision, il y a évidemment beaucoup de choses à dire. J'ai particulièrement été interpelée par son analyse de l'épisode du printemps dernier : je suis journaliste, mais je suis aussi la femme d'un ministre, donc je suis une mauvaise journaliste en puissance et je me retire de l'antenne. Je parle bien sûr de Béatrice Schönberg et de Marie Drücker qui ont laissé tomber le JT pendant la campagne électorale.
A mon boulot, j'avais eu l'occasion de l'évoquer dans mon bilan de l'année mais je n'avais retenu que le principe globalement sexiste du truc, genre les femmes ne sont pas assez intelligentes pour réfléchir par elles-mêmes, quant à leur carrière, pour ce qu'on s'en fout..
Isabelle Alonso montre que leur différence d'âge explique en grande partie la diversité des réactions de Christine Ockrent, Béatrice Schönberg et Marie Drücker, mais malheureusement pas dans le bon sens...
Rappelons que Christine Ockrent fut la première femme à présenter le JT en 1981, l'année de ma naissance, alors que le JT avec présentateur existe depuis 1954. On imagine combien elle a dû se battre pour s'imposer dans ce monde d'hommes. Aussi quand il lui fut suggérer d'abandonner son émission politique après la nomination de Bernard Kouchner au gouvernement, s'est-elle fait un plaisir d'envoyer bouler les malotrus avec quelques répliques pleines de piquant (comme le fait que son mari ait un emploi précaire !). Christine est sûre de son droit et ne compte pas y renoncer.
Béatrice Schönberg a épousé Jean-Louis Borloo en 2005. Depuis on la regarde de travers, a-t-elle changé quelque chose à son journal, je ne crois pas. Toujours est-il qu'après des années de suspicion (Isabelle Alonso évoque notamment Schneidermann), Béatrice a rendu les armes pour la campagne présidentielle et que depuis, Laurent Delahousse a repris sa place. Elle préfère se consacrer au magazine Les 100 français qui font bouger la France. Comme le dit Isabelle Alonso, on lui souhaite de ne pas tomber aux oubliettes comme Anne Sinclair...
Marie Drücker, elle, a carrément pris les devants. Elle a annoncé qu'elle quittait l'antenne, avant même qu'on lui en fasse la remarque. Preuve d'honnetêté peut-être, mais surtout preuve selon Isabelle Alonso (et je suis d'accord) qu'elle a intériorisé le processus, laissant croire que non seulement tous les détracteurs ont raison mais aussi que sa carrière pourtant brillante vaut moins que celle de son compagnon.
Le débat sur les rapports entre journalistes et politiques ne pourra être mené que quand l'idée que les femmes sont sous-influence sera dépassée. Mais quand ?
Copyright : Catherine Cabrol